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Publié par lapluiedudharma.over-blog.com

Paramârtha-gâthâs ( 3ème partie )

 

6. L'oeil ne peut pas voir la forme,
L'oreille ne peut pas entendre le son.
Le nez ne peut pas sentir l'odeur,
La langue ne peut pas goûter les saveurs.

 

7. Le corps ne peut pas sentir les tangibles,
L'esprit ne peut pas connaître les dharma.
Il n'y a pas de sujet qui fasse le travail
De maintenir et d'agir.

 

8. Cela ne donne pas naissance à ceci
Et ne naît pas non plus par lui-même.
Les choses se manifestent à partir de conditions.
Elles ne sont pas anciennes, ni nouvelles, mais tout de même nouvelles.

 

9. Cela ne peut pas détruire ceci
Et ne se détruit pas non plus lui-même.
Quand les conditions sont réunies,
Les choses se manifestent.

 

(cloche)

Chère Sangha, nous sommes le 1er Décembre de l'an 2011, nous sommes dans la salle de méditation de l'Eau Tranquille du Hameau du Haut pendant la retraite d'hiver 2011-2012.

 

Méditation marchée combinée aux pas

La marche méditative est une pratique très agréable. Le matin, quand l'air est très pur, très frais, pendant la marche méditative, nous devons unifier notre corps et notre esprit. Nous combinons les pas et la respiration. En inspirant, nous pouvons faire deux, trois ou quatre pas. Et en expirant, nous pouvons faire plus de pas. Par exemple, en inspirant, nous faisons deux pas, et en expirant, nous pouvons en faire trois. Et si en inspirant, nous faisons trois pas, alors en expirant, nous pouvons en faire cinq. Quatre ou cinq. Et en général, cinq pas, c'est normal. En inspirant, si nous faisons quatre pas, alors en expirant, nous pouvons en faire six. Si en inspirant nous faisons cinq pas, alors en expirant, nous pouvons en faire huit. C'est ma propre expérience. En inspirant, nous faisons deux pas, et en inspirant trois. En inspirant, trois, en expirant cinq. En inspirant quatre, en expirant six. En inspirant cinq, en expirant huit. Et parfois, pendant la méditation assise, notre inspiration et expiration peuvent être encore plus longues. Nous ne faisons pas de pas à l'assise, mais s'il y a une horloge dans la salle de méditation, nous pouvons compter les secondes. À l'inspiration, nous inspirons en trois secondes ou cinq secondes. Une horloge qui fait tic-tac, c'est très bien. À la table de nuit, quand vous êtes au lit, vous arrêtez vos pensées et vous écoutez les tic-tac. Alors votre inspiration dure trois secondes ou cinq secondes. Votre expiration dure sept secondes ou plus, et vous ne réfléchissez pas. Et s'il y en a une dans la salle de méditation, nous pouvons faire de même. Nous mettons fin aux pensées, et nous respirons à l'écoute du tic-tac, et c'est très agréable.

 

2/3 : Arrivé, arrivé, je suis arrivé

Et nous pouvons inventer des phrases de méditation pour la marche méditative. Par exemple, dans le cas où deux et trois, nous pouvons nous dire : 'Arrivé, je suis arrivé.' (En anglais, Thay dit : 'I arrived. I have arrived. En français cela donnerait 'Je arrivé, je suis arrivé.' Je propose : 'Arrivé, arrivé, je suis arrivé.') En vietnamien il y a deux syllabes et trois syllabes. En vietnamien et en chinois, c'est plus facile, parce que ce sont des mots monosyllabiques. 'Arrivé. Je suis arrivé.' Et en faisant de tels pas, nous sommes arrivons vraiment, nous ne courons plus. Nous savourons le moment présent, nous sommes arrivés. La pratique au Village des Pruniers est très simple. Et la pratique la plus profonde et la plus simple, c'est : 'Je suis chez moi, je suis arrivé.' On est arrivé et on est bien établi dans le moment présent, et on profite de toutes les merveilles autour de soi et en soi pour se nourrir et pour se guérir, et on se sent bien dans le moment présent, on est satisfait dans le moment présent, on ne cherche pas quoi que ce soit. On est satisfait dans le moment présent, avec le moment présent. Celui qui se sent comblé, satisfait, dans le moment présent, est arrivé. On ne cherche plus rien, on n'a plus de désir, on ne cherche plus rien, on ne poursuit rien.

 

3/5 : À chaque pas, entre dans la Terre Pure

Pour trois et cinq : 'À chaque pas, entre dans la Terre Pure.' Il y a de très belles phrases. Alors à la marche, on peut se dire : 'À chaque pas, entre au Royaume de Dieu.' Et quand on est assis, on peut faire de même, mais au lieu de dire cela à chaque pas, on dit cela à chaque respiration. À chaque inspiration ou à chaque expiration. 'À chaque pas, entre dans la Terre Pure'. 'À chaque pas, je reviens à ma source.'

 

4/6 : Arrivé, arrivé, chez moi. Je suis arrivé, suis chez moi.

Pour quatre et six, on peut se dire : 'Arrivé, arrivé, chez moi. Je suis arrivé, suis chez moi.' Nous pouvons inventer des phrases de méditation comme ça pour pratiquer. Il y a des sentiers très beaux pour la marche méditative. Une allée bordée d'herbe verte, où la terre est rouge, et Thay a fait un poème : 'Le chemin est silencieux, couvert de feuilles d'automne. Il y a l'herbe verte, et la terre est rouge. Je suis conscient de chacun de mes pas.' Dans tous les hameaux, il y a des allées comme ça, et quand nous sommes préoccupés, nous ne pouvons pas voir tout ça. Mais dès qu'on arrête la course, on peut voir tout ça. Et tout à coup, on est très attentif, on apprécie chaque pas que l'on fait.

 

Psycho et soma

Grâce à la loi de la gravitation, à chaque pas, nous pouvons toucher la Terre, sinon nous nous envolerions dans les airs. C'est la loi de la gravitation qui fait que l'on touche la Terre à chaque pas, sinon nous nous envolerions. Et à chaque pas, nous sommes en contact avec la Terre mère, notre source, notre origine, notre racine. Notre origine, notre source, est la Terre mère, et pas autre chose. Alors nous devons nous entraîner à regarder les choses avec une vue non-dualiste, et nous avons la vision profonde, la sagesse non-dualiste que nous n'utilisons pas. Notre mental est un mental discriminatoire qui divise toutes choses en paires d'opposées. En sanskrit, c'est vikalpa. Par exemple, nous croyons que le gauche et le droit sont deux réalités séparées et peuvent exister indépendamment, et nous ne savons pas que le gauche et le droit existent l'un grâce à l'autre, ils inter-sont. Nous faisons la discrimination entre la matière et la conscience, entre le corps et l'esprit. Dharmakaya et rupayaka. En général, nous faisons la discrimination entre les deux : l'un est le corps, est rupa, et l'autre est l'esprit, le mana. Les scientifiques utilisent le terme 'psychosoma'. Soma est le corps et psycho est l'esprit, mais en réalité, soma ne peut pas exister sans psycho. Rupa ne peut pas exister sans mana, et psycho ne peut pas exister sans soma, mana ne peut pas exister sans rupa. Le corps et l'esprit sont deux facettes d'une même réalité. Sans le corps, il n'y aurait pas l'esprit, et sans l'esprit, il n'y aurait pas le corps. Et il y a deux branches dans les sciences, une branche qui se spécialise dans l'étude du corps, et l'autre dans l'étude de l'esprit, comme si les deux pouvaient exister indépendamment. En réalité, dès qu'on enlève le corps, l'esprit n'est plus là, et dès qu'on enlève l'esprit, le corps n'est plus là. Les deux se manifestent en même temps. Si on enlève le droit, il n'y a pas le gauche, et si on enlève le gauche il n'y a pas le droit. Le corps et l'esprit ne sont pas deux choses différentes, et c'est la sagesse de la non-discrimination. Vikalpa signifie discrimination, et nirvikalpa signifie non-discrimination. Nous savons que les deux choses existent en dépendance, comme le dessus et le dessous, le gauche et le droit. La sagesse de la non-discrimination est appelée parfois comme la sagesse de la non-dualité. Aujourd'hui, beaucoup de scientifiques sont encore pris dans la vue dualiste, croyant que la conscience est le sujet, et que le monde objectif est l'objet, et tant qu'on fait encore la discrimination entre le sujet et l'objet, entre le corps et l'esprit, on ne peut pas aller loin. Les pratiquants doivent s'entraîner à voir les choses avec les yeux de la non-discrimination, de la non-dualité. Si on ne lâche pas prise de cette discrimination, il est difficile d'aller loin, d'aller en profondeur.

 

Matérialisme et idéalisme

Alors quand on fait la marche méditative, on ne marche pas seulement avec son corps, avec ses pieds, mais on marche aussi avec son esprit. Corps et esprit unifiés. En marchant, nous ne parlons pas. En marchant de notre chambre à la salle de méditation, nous ne parlons pas. Corps, parole et esprit unifiés. C'est ça la signification de yoga. Et quand nos pieds touchent la terre, nous ne voyons pas la terre seulement comme matière. Parce que si nous voyons la terre comme matière, c'est le matérialisme. Et une autre pensée, l'idéalisme, est que la terre est seulement l'esprit, alors c'est un autre extrême. C'est une vue très dualiste de distinguer entre la matière et l'esprit. Il y a des scientifiques qui disent que la conscience est un produit du cerveau, est produite par la matière. C'est très proche du matérialisme. Et il y ceux qui sont dans l'autre extrême, et qui pensent qu'il n'y a que la conscience, qu'il n'y a que l'esprit. En regardant profondément, nous voyons que notre corps n'est pas seulement la matière, parce qu'il y a aussi la conscience, l'esprit dedans. Il y a l'intelligence, il y a le savoir des cellules du corps. Ce sont des réalités très vivantes. Il y a le savoir, la conscience, l'esprit dans ces cellules. Si on enlève la conscience, alors ces cellules deviennent des cellules mortes. Il y a des milliards de cellules dans notre corps, et chaque cellule a son savoir et son intelligence. Et si on dit que son corps est la matière, ce n'est pas correct. Si on enlève la conscience hors du corps, alors il n'y a plus la vie. Alors quand on regarde un arbre ou l'herbe, ce n'est pas correct de dire qu'ils sont inanimés. Il y a le savoir dans l'arbre, dans l'herbe. Quand nous semons une graine de maïs, la graine sait comment germer et pousser pour devenir une plante. Il y a le savoir dedans. Donc si on dit que cette graine est matière, ce n'est pas correct.

 

Les vies d'une cellule

Quand nous regardons la Terre, nous voyons qu'elle est une réalité merveilleuse, comme une cellule du corps, il y a le savoir dedans. La planète Terre a la capacité de créer la vie, d'offrir la vie et de nourrir la vie. Alors croire que notre planète Terre est une masse de matière, ce n'est pas correct. Notre planète n'est pas une masse de matière. Avec la sagesse de non-discrimination, on ne voit notre Terre comme une masse de matière, parce qu'elle a son intelligence, son savoir, sa créativité, et cette planète Terre a produit tant de merveilles, tant d'espèces, et l'espèce humaine est seulement une espèce que la Terre a produite. Le Bouddha Shakyamuni ou Jésus-Christ sont aussi les enfants de cette planète. Nous sommes aussi enfants de cette planète, et notre mère, et nos ancêtres, sont aussi les enfants de cette planète. La Terre est une réalité merveilleuse. Elle n'est pas humaine, mais elle est notre mère, nous l'appelons Terre mère. Et beaucoup de civilisations ont déjà vu la Terre comme leur mère. Et aux États-Unis, un biologiste, Lewis Thomas, a écrit un livre. Selon lui, cette planète Terre est comme une cellule, parce qu'en elle, il y a la vie, l'intelligence. Il a fait des recherches des cellules du corps, et il a vu que chaque cellule est tellement merveilleuse. Il voit que cette Terre est aussi un être vivant, qui a mal, qui souffre, qui réfléchit, qui a des visions profondes, qui a des talents. Le livre s'appelle : 'The lives of the cell', 'Les vies d'une cellule'. Et cette cellule est la Terre, et en elle il y a beaucoup de vie. Quand nous faisons la marche méditative, il faut utiliser cette sagesse de non-discrimination. Il faut entrer en contact profond avec notre Terre mère et réaliser que nous ne sommes qu'un avec la Terre mère. Notre Terre mère est une réalité merveilleuse. Nous l'appelons 'mère', et mère n'est pas forcément humaine.

 

Hommage aux bodhisattva

Et nous devrions considérer la Terre comme un bodhisattva. Sattva signifie 'être', et bodhi signifie 'éveillé'. Bodhisattva, être éveillé. Alors nous chantons : 'Hommage au Bodhisattva de la Terre verte et pure.' Et nous pouvons joindre les mains pour toucher la terre devant elle. Elle est capable de porter, de nourrir et de guérir. Parfois, nous sommes perdus, alors nous devons revenir, retourner à notre mère pour être nourri, pour être guéri de nouveau. Et la marche méditative est une très bonne pratique qui nous permet de retourner pour être nourri et guéri par le bodhisattva. Ce bodhisattva n'est pas humain, mais c'est un vrai bodhisattva, parce que la Terre mère a de grandes qualités, comme la solidité et la patience. Sa solidité et sa patience sont grandes, sont énormes. La Terre est très grande, et elle préserve beaucoup de choses, elle contient beaucoup de choses, elle embrasse tout. La Terre a la capacité de protéger, de nourrir, de guérir, de donner naissance à tant de merveilles. Elle a mis au monde beaucoup de Bouddhas, beaucoup de bodhisattva, elle a mis au monde Jésus-Christ. Nous ne savons pas si Dieu a mis au monde Jésus-Christ, mais nous sommes sûr que la Terre a mis au monde Jésus-Christ. Ainsi, Jésus-Christ est aussi un enfant de la Terre, de même que le Bouddha Shakyamuni. Parfois nous sommes confus, nous nous sentons seuls, nous souffrons, nous sommes désorientés, nous sommes malades, alors il faut retourner à la Terre mère pour nous nourrir.

 

Alors dans cette retraite d'hiver, quand nous touchons la terre, nous allons introduire ce bodhisattva dans la liste des autres bodhisattva. (Thay lit en anglais:)

 

'Giving life to many species, caring, nourishing and healing all,
Bodhisattva Gaya,
Holy and compassionate Great Mother Earth,
To whom we bow in gratitude.'

 

'Nous nous inclinons avec gratitude devant le bodhisattva Gaya,
Grande Terre Mère sainte et compassionnée
Donnant la vie à de nombreuses espèces,
Prenant soin, nourrissant et guérissant tous.'

 

Et le soleil est aussi un grand bodhisattva, parce que sans le soleil, sans la lumière, sans la chaleur, il n'y aurait pas la vie. Donc le soleil est aussi un grand bodhisattva, et il a un nom : Vairocana Tathâgata.

 

Alors nous pouvons chanter : (Thay lit en anglais:)
'In the ten directions,
Offering life on the great Earth,
Vairocana Tathâgata, our Great Father Sun,
Amita Bouddha to whom we bow in gratitude.'

 

'Dans les dix directions, nous nous inclinons avec gratitude
Devant le Tathâgata Vairocana, notre Grand Soleil Père
Offrant la vie à la grande Terre,
Le Bouddha Amita.'

 

Le Bouddha Amita est notre soleil, qui donne vie à notre planète, le Bouddha de la lumière illimité et de la durée de vie illimitée. Et ce sont des bodhisattva réels, des Bouddhas réels, devant qui nous nous inclinons, et ces bodhisattva sont en nous et pas seulement l'extérieur de nous. Alors quand nous faisons la marche méditative, il faut être en contact avec ces grands bodhisattva. La Terre mère est un grand bodhisattva, le soleil est un grand bodhisattva. Et ces bodhisattva ne sont pas seulement à l'extérieur de nous mais ils sont aussi en nous. Il faut voir cela. Nous avons l'énergie du soleil en nous, nous avons l'énergie de la Terre en nous. Et quand on voit cela, on ne voit plus que la terre est la matière, on ne voit plus que le soleil est la matière. Et nous pouvons vraiment être en contact avec eux, et ainsi nous sommes nourris à chaque pas. Chaque pas nous nourrir, chaque pas nous guérit. Aujourd'hui, il y a beaucoup de personnes qui sont malades, et la marche méditative est un des meilleurs moyens de guérison. C'est une pratique extraordinaire. Alors une fois que nous sommes au Village des Pruniers, il faut savoir comment profiter. Si nous sommes à Los Angeles, ce n'est pas aussi agréable de faire la marche méditative. Ici, l'air est tellement pur, il y a tant de merveilles. Alors il ne faut pas laisser s'échapper l'occasion de pratiquer la marche méditative. Il faut utiliser tout notre corps, notre esprit, pour faire cela. Le bodhisattva de la Terre verte et pure. Et la Terre contient aussi la chaleur, l'eau. Il n'y a pas seulement la terre, et autour d'elle, et l'atmosphère fait aussi partie du bodhisattva de la Terre verte et pure. La Terre mère nous donne l'eau à boire, l'air à respirer, elle est aussi l'eau, l'air, la chaleur, elle nous protège. Et la couche d'ozone nous protège contre les rayons ultra-violets. Donc, de nombreuses façons, la Terre mère nous protège, nous nourrit et nous guérit.

 

(cloche)

Envoyer l'énergie à notre Terre mère

Pendant la marche méditative, nous pouvons atteindre des visions très profondes. En regardant la Terre mère, nous voyons qu'elle contient tout le cosmos. Les scientifiques peuvent aussi contribuer à cette vision. Ils savent comment la Terre a été formée. Il ont des connaissances, et ils savent que la Terre est faite des éléments non-Terre, comme les étoiles, et les autres planètes ont aussi contribué à former la Terre. Comme une fleur faite des éléments non-fleur, la planète Terre est pareille, elle est une belle fleur faite des éléments non-Terre. Et pendant la marche méditative, nous pouvons voir que comme une fleur, la Terre est faite des éléments de tout le cosmos. En regardant la Terre mère, nous pouvons voir tout le cosmos, comme en regardant la fleur, nous y voyons tout le cosmos, y compris les nuages, le soleil. Et quand nous faisons des pas sur la Terre, nous voyons que la Terre mère est en nous. Ce bodhisattva est en nous. Nous sommes son enfant, et l'enfant et la mère ne sont pas deux réalités séparées. Nous pouvons avoir cette vision, et avec cette vision, nous pouvons parvenir à la non-peur. Nous comprenons que nous et la Terre sommes un. Si elle nous a donné naissance, si elle nous a mis au monde, elle va nous accueillir de nouveau, et nous nous manifesterons de nouveau. Il n'y a pas de naissance ni mort, et nous ne sommes pas emprisonnés dans un soi, dans un petit soi, nous ne nous posons pas la question : 'Après la décomposition de ce corps, où irai-je ? Est-ce que j'existerai ou non ?' Et ce n'est pas seulement la décomposition de ce corps que nous retournons à la Terre mère. En réalité, nous y retournons tout le temps, à chaque instant. À chaque fois que nous respirons, à chaque fois que nous faisons de pas, nous y retournons. À chaque fois que nous nous grattons, il y a des cellules sèches qui reviennent à la Terre . Il y a toujours des input et des output, des entrés et des sorties, de la planète Terre. Alors il ne faut pas croire que c'est seulement après la décomposition de ce corps que nous retournons à la Terre. Non, nous y retournons en ce moment-même, et nous en sortons à chaque instant. Mais même si la Terre mère a la solidité, la stabilité, la capacité de nourrir et de guérir, parfois elle souffre aussi, comme notre mère : même si elle a beaucoup d'amour, elle nous a mis au monde, mais elle parfois elle souffre aussi. Alors la planète Terre aussi. Parfois, il y a des volcans, il y a des tempêtes, des tremblements de terre, des tsunamis, ce sont des signes que la Terre mère souffre, qu'elle est agitée. Si nous n'en sommes pas conscient, nous croyons que c'est la punition de Dieu. Mais en réalité, nous sommes co-responsables de tout ce qui se passe sur Terre. Par exemple, dans une région de la planète, il ne pleut pas pendant presque un an, et en Thaïlande, il pleut trop et il y a des inondations, et il y a eu beaucoup de morts, et nous disons que c'est injuste, que la planète Terre n'est pas juste. Mais cela dépend de notre façon d'agir, nous avons fait perdre l'équilibre. Et une personne nous a demandé d'envoyer notre énergie pour prier pour la pluie. Nous ne prions pas devant Dieu, Thay pense que cette prière est très scientifique aussi. Assis comme une communauté, nous envoyons notre énergie à la Terre mère, et pendant que nous concentrons notre énergie pour envoyer cette énergie à la Terre mère, nous créons une énergie collective, et cette énergie collective contient la compassion, l'énergie de la compassion, et la sagesse, nous savons que nous avons fait perdre l'équilibre. Alors tous assis ensemble, nous envoyons cette grande énergie collective d'amour, de paix, à la Terre mère. Alors la Terre mère, recevant cette énergie, elle pourra réarranger l'équilibre pour que la pluie tombe sur cette région, et ceci est possible. C'est parce que nous avons perdu cet équilibre, et notre énergie est aussi une sorte d'énergie qui peut changer cela. Alors prier pour la pluie n'est pas une simple superstition, mais cela peut être une chose très scientifique, parce que, assis comme une Sangha, nous pouvons envoyer dans la même direction l'énergie de guérison vers la planète Terre. Si dans notre conscience, il y a la compassion, la sagesse, et nous envoyons de notre conscience une énergie de paix, alors nous pourrons changer la situation.

Prière pour la planète Terre

Thay a écrit hier cette prière : 'Chère mère, il y a des moments où vos enfants souffrent beaucoup des désastres naturels. Nous savons que quand nous souffrons, tu souffres aussi, mère. Maintenant, nous nous tournons vers toi, chère mère, et te demandons si nous pouvons compter sur toi, parce que tu as tellement de stabilité et de compassion. Tu ne nous a pas répondu tout de suite. Et en nous regardant avec la grande compassion, tu as dit : 'Oui, bien sûr, vous pouvez compter sur votre mère. Je serai toujours là pour vous. Mais vous, enfants, vous devez vous demander si votre mère peut compter sur vous. Chère mère, nous avons passé de nombreuses nuits sans dormir à cause de koan que tu nous a donné. Et aujourd'hui, le visage plein de larmes, nous nous agenouillons devant toi, mère sainte et compassionée, pour te dire : 'Oui mère, tu peux compter sur nous.'

 

Quand nous faisons la marche méditative, nous pouvons aussi voir notre part de responsabilité. Il faut prendre en charge notre part de responsabilité pour protéger notre Terre mère. Nous sommes une partie de la Terre mère mais nous devons la protéger, nous ne pouvons pas seulement compter sur elle, nous devons prendre notre part de responsabilité. Quand nous avons la vue de la non-dualité, la sagesse de la non-discrimination, nous sommes libérés des souffrances comme la peur, la haine, l'avidité, le désespoir, et nous ne causons pas de destruction, de mal, ni à nous-même, ni aux autre espèces de la Terre.

 

Sixième et septième versets :

Maintenant, nous allons continuer avec les versets. Nous sommes au sixième verset.

 

6. L'oeil ne peut pas voir la forme,
L'oreille ne peut pas entendre le son.
Le nez ne peut pas sentir l'odeur,
La langue ne peut pas goûter les saveurs.

 

7. Le corps ne peut pas sentir les tangibles,
L'esprit ne peut pas connaître les dharma.
Il n'y a pas de sujet qui fasse le travail
De maintenir et d'agir.

 

Ceux qui ne savent pas croient que l'oeil et que la forme en face de l'oeil est l'objet. L'oeil est le sujet qui fait le travail de voir. Ce n'est pas correct. L'oeil est seulement une condition qui créé la vue. L'oeil n'est pas le sujet de l'action voir.

 

Il y a la forme, et l'oeil. L'oeil ne voit pas la forme, mais l'oeil est en contact avec la forme. Et quand les deux choses sont en contact, alors cela créé la conscience visuelle, et dans la conscience visuelle a le sujet et l'objet. Chaque fois qu'il y a le contact entre le sujet, l'oeil, et l'objet, la forme, alors il y a la conscience visuelle. Quand l'oreille est en contact avec le son, il y a la conscience auditive. Et la conscience olfactive, la conscience du corps, la conscience de l'esprit. Et dire les yeux voient, le nez sent, la langue goûte, c'est faux parce qu'en disant tout ça, nous imaginons qu'il y a un sujet qui fait le travail, qui fait l'action de voir, de sentir, de goûter. Il y a un acteur et il y a une action. Mais l'oeil n'est pas l'acteur, et la vue n'est pas l'action de l'oeil. L'oeil joue seulement le rôle de condition. Quand on dit la conscience visuelle voit, c'est très étrange de dire cela. Il y a seulement vision, ce n'est pas une conscience visuelle qui voit. Comme la pluie pleut, c'est très drôle de dire cela : la pluie n'a pas besoin de pleuvoir. Alors notre manière de réfléchir et de parler est très superficielle. Ce n'est pas correct de dire : 'le vent souffle'. En disant cela on peut imaginer que le vent pourrait ne pas souffler. Parfois le vent souffle, parfois il ne souffle pas. Mais le vent doit toujours souffler, et la pluie doit toujours tomber. Et on peut imaginer que le vent est l'acteur qui fait l'action, et que l'acteur est à l'extérieur de l'action. Alors tout cela est faux. C'est la discrimination.

 

6. L'oeil ne peut pas voir la forme,
L'oreille ne peut pas entendre le son.
Le nez ne peut pas sentir l'odeur,
La langue ne peut pas goûter les saveurs.

 

7. Le corps ne peut pas sentir les tangibles,
L'esprit ne peut pas connaître les dharma
Il n'y a pas de sujet qui fasse le travail
De maintenir et d'agir.

 

Ce sont les six organes sensoriels et les six objets des sens : l'oeil, l'oreille, le nez, la langue, le corps, et l'esprit, et la forme, le son, l'odeur, la saveur, le tangible, et le dharma, l'objet de l'esprit. Dans tout cela, on ne peut pas trouver de sujet qui maintienne ou qui travaille. Il n'y a pas de propriétaire, de sujet, pas d'acteur, pas de receveur. Maintenir et agir. Il n'y a pas d'acteur qui fait le travail de maintenir, d'agir, qui maintient et agit. Si l'on dit que l'oeil est le sujet qui voit, est le chef, ce n'est pas correct. Il n'y a pas de sujet ni d'action. Par exemple, en regardant Thay, nous voyons Thay marcher. Nous voyons une personne et nous voyons l'action de marcher. Cela existe, il y a un corps qui marche dans lequel il y a un cerveau, un système nerveux, mais la personne qui marche, qui existe en dehors de l'action et qui donne l'ordre de marcher, cette personne n'existe pas. Alors nous pratiquons : 'Il n'y a que la respiration et l'assise. Il n'y a pas de respireur et pas de personne qui s'assoit.' Il n'y a pas de soi séparé qui soit propriétaire, qui soit le chef. 'Il n'y a que la respiration et la marche. Pas de respireur, pas de marcheur.' Aujourd'hui, les sciences ont vu que la matière et l'énergie ne sont pas deux choses différentes. Lentement, on verra. Alors avec tout cela, c'est à dire l'oeil, l'oreille, le nez, la langue, le corps et l'esprit, la conscience, et la forme, le son, l'odeur, la saveur, le tangible, et l'objet de l'esprit, quand toutes ces conditions sont en contact les unes avec les autres, alors la vue se manifeste, l'audition, l'action se manifeste, mais il n'y a pas d'acteur, de grand chef, qui soit là et qui donne l'ordre à l'action. C'est le non-soi, il n'y a pas de sujet séparé et permanent. Et quand nous regardons une bougie, une flamme, que devons-nous voir ? Nous voyons la cire, la mèche, la flamme, l'oxygène, nous devons voir tout ça qui donne l'image d'une bougie qui brûle. Il faut voir clairement que cette flamme continue l'autre flamme, parce qu'a chaque ksana, chaque milliseconde, il y a autre combustible, il y a un autre oxygène, remplaçant la flamme précédente. Et en dehors de tout ça, il n'y a pas de sujet. Nous disons : 'la flamme brûle', la flamme est le sujet brûlé. On essaye de trouver le sujet, on cherche un acteur qui n'existe pas. Alors il y a six organes sensoriels, il y a six objets des sens, mais il n'y a pas de soi, de sujet qui fasse le travail de maintenir et qui agisse. Si vous ne comprenez pas, vous comprendrez un jour, ne vous faites pas de souci.

 

Huitième verset :

8. Cela ne donne pas naissance à ceci
Et ne naît pas non plus par lui-même.
Les choses se manifestent à partir de conditions.
Elles ne sont pas anciennes, ni nouvelles, mais tout de même nouvelles.

 

Nous avons l'idée que ceci donne naissance à cela, comme la mère donne naissance à l'enfant, la mère est ceci et l'enfant est cela. Et puis nous posons la question : 'Si maman ne me donne pas naissance, alors qui me donne naissance ?' C'est comme ça, notre vue très simple, très naïve : la mère est le sujet et l'enfant est l'objet. Mais en regardant profondément, que voyons-nous ? Nous voyons comme l'oeil qui voit la forme : l'oeil est seulement une condition qui contribue à manifester la vue. Alors pour la mère, la réalité qu'on appelle mère est une seulement condition qui fait manifester l'enfant. Il y a de nombreuses autres conditions. La mère n'est pas le sujet qui donne naissance à l'enfant. Et si nous posons la question : 'Comment cet univers, ce cosmos, est-il né ?' Alors nous voyons la même chose. Il y a de nombreuses conditions qui se réunissent et qui font se manifester les choses. Il n'y a rien qui donne naissance à quelque chose. Les conditions se rassemblent et font manifester les choses.

 

Cela ne donne pas naissance à ceci
Et ne naît pas non plus par lui-même.

 

Alors on dit que les choses ne naissent pas elle-même et elles ne donnent naissance à rien. C'est la première phase. Il semble qu'il y ait quelque chose qui naisse, alors il semble qu'à partir de rien, il y a quelque chose qui apparaisse, qui naisse. Par exemple, dans le ciel, tout à coup, il y a un nuage, et nous disons que le nuage est né, qu'à partir de rien, le nuage devient quelque chose, le nuage existe.

 

Les choses se manifestent à partir de conditions.

 

Et en regardant profondément, nous voyons que le nuage ne vient pas de rien. À partir de rien, les choses ne peuvent pas exister. Elles se manifestent simplement. Le nuage se manifeste. Avant, il y avait d'autres conditions qui se sont rassemblées et qui ont fait se manifester le nuage. Par exemple, notre respiration est une de ces conditions : quand nous expirons, nous expirons la vapeur, et notre vapeur est une des conditions qui fait se manifester le nuage. Ou bien le soleil qui brille sur l'océan fait évaporer l'eau. Sans ces conditions, le nuage ne pourrait pas se manifester. Mais le soleil ne donne pas naissance au nuage. Il est juste une condition parmi beaucoup de conditions qui font se manifester le nuage. Alors cela ne donne pas naissance à ceci, et cela ne naît pas lui-même. Et nous arrivons à la phase de non-naissance : nous voyons qu'il n'y a pas de naissance. Nous croyons qu'il y a la naissance, mais c'est juste la manifestation. Il faut contempler profondément pour voir, et dans les sciences, on voit la même chose. À cause de conditions qui se rassemblent, une chose naît, mais cette chose ne naît pas par elle-même. Au début on voit la naissance, mais après on ne voit plus la naissance. Il n'y a rien qui puisse naître lui-même, et rien ne donne naissance à quelque chose, c'est pour cela que l'on parle de la non-naissance. Et quand nous posons la question : 'Comment est né ce cosmos ? Est-il né de lui-même, ou Dieu, ou autre chose l'a t-il mis au monde ?' Alors d'après le bouddhisme, les deux cas ne sont pas corrects : le cosmos ne naît pas lui-même, et il n'est pas né par quelqu'un ou par autre chose. En fait, c'est simple. 'Les choses ne donnent pas naissance à d'autres choses et ne naissent pas elle-même. Elles naissent à cause de conditions.' Beaucoup de conditions se rassemblent pour faire se manifester les choses, comme un nuage, un arbre, ou vous. Alors les sciences posent souvent la question : 'Comment ce cosmos est-il né ?' Et la réponse est très claire : quand les conditions se réunissent, il y a une manifestation.


 

Tout est neuf, chaque seconde est nouvelle. Maître Asanga a écrit ces versets dans l'intention de nous aider à nous libérer des deux extrêmes. Le premier extrême est la négation, dire 'non'. Et le deuxième est la confirmation, dire 'oui'. Ce n'est pas correct de dire oui ou non. Au début, nous voyons qu'il y a les nouvelles choses et puis les anciennes, mais en regardant profondément, nous voyons que les choses ne sont pas anciennes ou nouvelles. Et pourtant, elles sont quand même anciennes ou nouvelles. Ni ancien, ni nouveau, mais il y a quand même les choses nouvelles.

 

Nispurâna navâ navâ
Nis est la négation. Purâna est ancien. Navâ est nouveau.
Par d'ancien, pas de nouveau. Mais quand même nouveau.

 

C'est comme quand on dit qu'il n'y a pas de soi séparé, mais des conditions se rassemblent et donnent l'impression qu'il y a un soi séparé. D'un côté, il y a la négation, mais pour qu'on ne soit pas emprisonné dans cela, alors de l'autre côté, il y a une confirmation, et l'auteur cherche à nous aider à ne pas nous emprisonner ni dans l'un ni dans l'autre. Les choses ne sont pas nouvelles ni anciennes, et pourtant elles sont quand même nouvelles.

 

Neuvième verset :

9. Cela ne peut pas détruire ceci
Et ne se détruit pas non plus lui-même.
Quand les conditions sont réunies,
Les choses se manifestent.

 

Quand les conditions ne sont plus réunies, nous avons l'impression que la chose n'existe plus. Mais il n'y a ni de créateur ni de destructeur. Les choses se manifestent à partir de tant de conditions, et nous avons l'impression que quelque chose est né, et quand les conditions ne sont plus là, nous avons l'impression que quelque chose est détruit. Il n'y a pas de créateur qui donne naissance, et pas de destructeur qui détruise. (cloche) Au début, nous disons qu'il y a la naissance et la mort, mais quand nous regardons profondément dans ces conditions, nous voyons que les naissances et morts ne sont que des manifestations d'une manière et d'une autre manière. Du conditionné, nous arrivons au conditionné, c'est et c'est l'art de la pensée juste. Dans un soutra très court, le Bouddha parle des choses conditionnées et des choses inconditionnées. Les choses conditionnées sont les choses avec quoi nous sommes en contact tous les jours, comme les fleurs, les nuages, l'eau, notre corps. Ce sont les choses conditionnées ou les choses composées. Ce sont les conditions qui se réunissent pour faire manifester ces choses. Il y a la naissance, la mort, l'être et le non-être. Ces choses sont naissent, demeurent, et se décomposent. Elles naissent, demeurent, et se décomposent, mais ceci est la surface : Quand on regarde plus profondément, on découvre que les choses sont inconditionnées : elles ne naissent pas, ne demeurent pas, ne se décomposent pas. Comme le nuage. Nous voyons qu'il vient de naître, et que plus tard, il va disparaître, qu'il ne sera plus là dans le ciel, mais en regardant profondément, nous voyons qu'il ne vient pas de rien. C'est simplement sa nouvelle forme, le nuage est la nouvelle forme de la vapeur et de nombreuses autres conditions. Il ne naît pas vraiment. Il se manifeste à partir de nombreuses conditions. Et quand on ne le voit plus dans le ciel, il ne meurt pas, il devient la pluie, il devient autre chose. En tant que choses conditionnées, nous voyons leur naissance, leur mort, mais en regardant profondément, nous découvrons que les choses sont inconditionnées, et nous voyons qu'elles n'ont ni naissance ni mort.

 

Non-naissance non-mort, nous avons chanté cela dans le soutra du coeur ce matin en français. En général, nous chantons comme un perroquet, nous chantons sans toucher la sagesse du soutra du coeur, parce que tous ce que nous voulons, c'est chanter bien, mélodieusement. Au début, nous commençons par étudier les choses conditionnées, par exemple, l'oeil et la forme, l'oreille et le son : ce sont des choses conditionnées qui traversent la naissance et la mort, et c'est comme ça qu'on commence. Et quand on regarde profondément, on peut utiliser habilement la loi de la coproduction, la loi de la production en dépendance, et nous pouvons lentement entrer dans le monde de la non-naissance et de la non-mort. Et dans les sciences classiques que Newton représente, on voit que ceci n'est pas cela, on voit la naissance et la mort, c'est ce qu'on appelle la vérité conventionnelle. On voit que le soleil n'est pas la terre, la terre n'est pas la le soleil. Mais en regardant profondément, nous voyons que le soleil est la Terre, que la Terre est le soleil, parce qu'elles inter-sont : sans le soleil, la Terre ne peut pas être comme ceci. Alors quand on voit comme cela, on commence à entrer dans le monde de la non-naissance et de la non-mort. Du conditionné, la vérité conventionnelle, nous arrivons à la vérité ultime, où il n'y a ni naissance ni mort, ou il n'y a pas de séparation. En apparence, nous voyons que ces vérités s'opposent, mais en regardant profondément, nous savons qu'elles sont étroitement liées.

 

Physique classique et physique quantique

Dans la physique classique, chaque chose doit être cette chose. La Terre doit être la Terre et ne peut pas être autre chose. Le soleil doit être le soleil. Et ces choses doivent demeurer un certain temps, elles doivent localisées quelque part dans l'espace. Ce sont les conditions dans la physique classique. Il y a deux conditions : cette chose doit être cette chose, elle doit avoir sa nature propre, svabhava en sanskrit, et elle doit être localisée dans l'espace, c'est la deuxième condition. Mais si nous sommes attachés à cela, nous ne pouvons pas entrer dans le monde de la physique quantique. Dans le monde de la physique quantique, ceci est aussi cela, et il est possible qu'une chose ne soit pas localisée dans l'espace. C'est la non-localité. Non-localité, c'est à dire une chose n'a pas une location précise dans l'espace, et c'est complètement opposé à la physique classique. Dans la physique classique, chaque objet doit être localisé précisément dans l'espace, mais en étudiant des électrons, des photons, on réalise qu'un objet peut être présent en plusieurs lieux dans l'espace.

 

Dimension historique / dimension ultime

Suivre, anolomata en sanskrit. Et production en dépendance, pratītyasamutpāda. Habilement, à partir de la production en dépendance, nous pouvons entrer dans le monde de la non-naissance et de la non-mort, c'est à dire que la production en dépendance peut aller en parallèle avec la vacuité, de la non-naissance et de la non-mort. Au début, on a l'impression que les deux mondes s'opposent parce que les choses conditionnées traversent la naissance et la mort tandis que les choses inconditionnées ne sont ni-nées ni-mortes, mais avec habileté, on peut voir qu'à partir de la production en dépendance, nous pouvons entrer dans le monde de la non-naissance et de la non-mort. La vérité conventionnelle ne s'oppose pas à la vérité absolue, et pas à pas, nous avançons. Aujourd'hui, les scientifiques essayent de faire des liens entre la science classique et la science moderne. Dans ce soutra, le Bouddha enseigne qu'il y a deux mondes : le monde des phénomènes, la dimension historique, et la dimension ultime. Et au début, on a l'impression que ces deux mondes s'opposent, mais en contemplant profondément, on voit que les deux sont liés. On n'a pas besoin de quitter la dimension historique pour entrer dans la dimension ultime. Au contraire, c'est en touchant profondément la dimension historique qu'on peut toucher la dimension ultime. Au début, nous voyons ce nuage, et nous voyons que c'est une chose conditionnée qui traverse la naissance et la mort. Mais en regardant profondément, doucement, nous suivons et nous pouvons voir que c'est une chose inconditionnée. Mais nous n'avons pas besoin de quitter le nuage pour trouver la non-naissance et la non-mort. C'est en regardant profondément ce nuage qu'on trouve sa nature de non-naissance et de non-mort. Et notre corps est pareil. Au début, nous avons très peur parce que nous voyons la naissance et la mort, mais en regardant profondément, nous voyons la non-naissance et la non-mort, et nous n'avons plus peur. Alors il ne faut pas chanter le soutra du coeur comme un perroquet. Il faut réciter chaque mot en profondeur. Nous continuerons la prochaine fois.

 

(cloche)

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Enseignement donné le 1er Décembre 2011 en vietnamien,
transcrit par Pháp Thân d'après les traductions françaises et anglaises.